3 days ago
Japon: coup d'envoi des élections sénatoriales, le Premier ministre sur la sellette
À 68 ans, Shigeru Ishiba dirige un gouvernement minoritaire depuis octobre, après avoir conduit sa formation conservatrice à un cuisant revers lors des élections législatives à la chambre basse.
Les Japonais se rendent aux urnes dimanche: un scrutin sénatorial où se joue le sort de la coalition au pouvoir, très impopulaire sur fond d'inflation et de poussée d'un parti populiste anti-immigration de droite - au risque de pousser à la démission le Premier ministre Shigeru Ishiba. À 68 ans, M. Ishiba dirige un gouvernement minoritaire depuis octobre, après avoir conduit sa formation conservatrice, le Parti libéral-démocrate (PLD), à un cuisant revers lors d'élections législatives à l'automne à la chambre basse.
Or, selon les sondages, la coalition gouvernementale formée du PLD et du petit allié centriste Komeito risque également de perdre dimanche sa majorité à la chambre haute du Parlement, où 125 des 248 sièges sont renouvelés. La coalition doit en remporter 50 pour conserver sa majorité. Dans le cas contraire, «Shigeru Ishiba pourrait être forcé de démissionner», indique à l'AFP Toru Yoshida, professeur de sciences politiques à l'Université Doshisha. Le Japon «entrera en terrain inconnu, avec un gouvernement en minorité dans les deux chambres du Parlement, situation inédite depuis la Seconde Guerre mondiale», prévient-il.
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Le PLD (libéral) gouverne le Japon de manière quasi ininterrompue depuis 1955, malgré de fréquents changements de dirigeant. M. Ishiba, autoproclamé «geek» des questions militaires et passionné par les trains, a pris la tête du parti en septembre à sa cinquième tentative et a immédiatement convoqué des élections... au succès très mitigé. Désormais minoritaires à la chambre basse, le PLD et Komeito doivent s'associer aux partis d'opposition pour faire voter leurs textes, entravant leur programme législatif alors même que la conjoncture s'assombrissait.
L'ombre de Trump
L'inflation reste forte (+3,3% en juin hors produits frais), tirée par une vertigineuse flambée des prix du riz, qui ont doublé en l'espace d'un an. Pour atténuer l'impact inflationniste, Shigeru Ishiba a étendu les aides au logement, prolongé des subventions à l'énergie, et s'est engagé à verser des chèques de 20.000 yens (120 dollars) par citoyen. Les autorités ont également débloqué une partie des réserves stratégiques de riz pour faire baisser les prix, sans succès pour l'heure.
Par ailleurs, l'offensive douanière de Donald Trump a fait plonger d'un quart les ventes automobiles vers les États-Unis - un secteur surtaxé par Washington à 25% et qui représente 8% des emplois dans l'archipel. La menace de surtaxes généralisées de 25% au 1er août fragilise le tissu économique nippon, très dépendant des exportations.
Avant les élections, Shigeru Ishiba a affiché une stratégie maximaliste consistant à réclamer l'élimination des droits de douane. «Nous ne céderons pas facilement», notamment pour défendre les intérêts des agriculteurs nippons face aux exigences d'augmenter les importations de riz américain, a-t-il affirmé. Les marchés financiers s'inquiètent, eux, des dérives budgétaires, les massifs plans de relance et d'aides du gouvernement Ishiba aggravant un endettement déjà massif.